art & thé

Armén Rotch, un artiste du thé engagé

19 février 2015

Nous vous avions parlé, il y a un petit moment de cela, de Red Hong Yi, une artiste malaisienne qui réalise des portraits en sachets de thé.

Armén Rotch, le déclic d’un artiste

Elle n’est pas la seule à utiliser ce média dans son art : c’est également le cas d’Armén Rotch, artiste contemporain né en Arménie en 1955 et vivant en France depuis 1992. Le déclic lui vient dans les années 2000, un matin de printemps : « Chaque matin, depuis des années ma journée commence avec un sachet de thé que je plonge dans une tasse d’eau frémissante. Un jour, alors que je faisais ce même geste, j’ai eu comme un déclic. Dans le sachet humide et froissé que je venais de sortir de l’eau, j’ai senti comme une présence. J’ai alors vraiment regardé le sachet pour la première fois, et j’ai pensé “on se ressemble”; on est là lui et moi, mais qui se soucie de notre présence ? »

armen rotch box de the envouthe

Crédit photo : Collège Lakanal


C’est donc pour rendre visible cette présence, ce petit morceau d’humanité qui se transfère aux sachets de thé utilisés, qu’il commence à les récolter. Il parle de son idée autour de lui et récupère également ceux de ces élèves, amis et voisins. Bientôt, de même que son œuvre devient physiquement plus grande, elle prend également une dimension symbolique plus forte : le tout est plus que l’addition des parties, et les sachets réunis forment ce qu’A. Rotch appelle « les espaces tempérés de l’intime », des œuvres tactiles donnant à voir, à sentir et à toucher « un espace du savoir-vivre ensemble, un espace qui au départ pour [lui] était plus poétique mais qui par la force des choses est devenu aussi politique… »


L’exposition de l’Orangerie du Luxembourg Art Contemporain d’Arménie, été 2007 / Crédit photo :


Un sachet de thé est égal à une vie

Si en 2012, A. Rotch pensait surtout à la crise économique, cette dimension politique dont il parle résonne d’un nouvel écho cette année. 2015 marque en effet le centenaire du génocide arménien, toujours nié par la Turquie. Armén Rotch lance donc en mars 2013, entre hommage à la mémoire des victimes et pétition, un projet visant à réunir 1 500 000 sachets, chaque sachet représentant une victime. Et ce projet est une collaboration qui n’attend que vous ! Les sachets de thé sont en effet collectés auprès du public car, selon les mots de l’artiste, « chaque sachet est une vie, un souffle, semblable et différent, des présences qui se retrouvent ensemble pour former une œuvre. »

Pour plus d’information sur l’artiste, vous pouvez visiter son blog, tenu par sa femme Gilda R-Guégamian, mais également la page Facebook du projet.

Affiche du projet d'Armèn Rotch en commémoration du génocide arménien

Crédit photo :

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